JE PEUX ÊTRE SURCLASSÉ?

Publié le par l'hôtesse de l'air

Le surclassement, c'est la possibilité de voyager dans la classe supérieure à celle indiquée sur votre billet d'avion.

Il est souvent offert aux clients abonnés, grâce à un judicieux programme de fidélité qui leur permet d'accumuler des points et de bénéficier de voyages moyen-courriers gratuits ou de surclassements sur les vols long-courriers.

Souvent, pendant les périodes de vacances, la majeure partie des compagnies pratiquent la surréservation. Elles vendent plus de billets qu'elles n'ont de sièges disponibles afin de remplir leurs avions.

Alors soignez votre look et pendant que tous les autres passagers se jettent sur les comptoirs d'enregistrement comme la vérole sur le bas clergé, prenez votre temps. Une fois votre tour venu, la classe économique sera pleine et l'hôtesse vous proposera un surclassement. A vous jambes allongées et fauteuils confortables.

Certaines vedettes, trop radines pour se payer un billet en classe affaire, et dont le talent n'est pas proportionnel à l'ego, peuvent faire le siège de votre galley pendant longtemps quémandant une faveur qui leur éviterait le déshonneur d'un voyage dans la bétaillère. Tous les  employés de la compagnie croisés avant le vol ont  refusé d'accéder aux demandes de surclassement de la vedette alors elle abat sa dernière carte et tente le tout pour le tout avec l'équipage qu'elle arrive parfois à convaincre à l'usure.

Quand aux autres surclassements, ils concernent souvent les employés des compagnies ou une de leur connaissance et ils sont régis par une espèce de méritocratie, non plus basée sur les compétences personnelles ou professionnelles, mais sur la hiérarchie et la position au sein des dites compagnies aériennes.

Le surclassement est un sujet qui passionne, divise, et peut même créer des luttes intestines au sein des équipes.

Mais quoiqu'il en soit, et quelque soit la compagnie il est très agréable de se faire surclasser dans un avion.

Franchement qui refuserait de passer ses 10h30 jusqu'à Los Angeles sur un siège qui s'incline au pire à 118° au mieux à 172.

       - Non merci madame, pas la peine, je vais rester sur mon siège trop serré et juste à côté des toilettes. Je me sens mieux au milieu des odeurs de chiottes (dans certaines compagnies, vu l'état ce ne sont nullement des toilettes, mais bien des chiottes)

Ceci dit, pour bien dormir on est parfois mieux allongé sur 3 sièges en classe économique que sur certains sièges classe affaire.

Mais si une une belle hôtesse pulpeuse ou un athlétique steward vous propose de vous surclasser, n'hésitez pas une seule seconde et foncez. Vous ne le regretterez pas. Réflexion faite, n'hésitez pas non plus si c'est une vielle hôtesse dont les lettres go cougar brille sur le front ou un stew, vieux beau de 50 ans aux cheveux teints pour cacher les ravages du temps, et dont vous êtes sûre que la voiture est une mazda MX5 rouge. Confortablement installés en classe affaires, vous aurez le temps de résister à toute attaque en sombrant dans un profond sommeil.

Certains passagers qui se voient refuser un surclassement peuvent parfois très mal le prendre (eh oui, il y a vraiment des baffes qui se perdent). Ils sont allergiques à l'idée de passer 10, 9, 7 ou même 5 heures en classe économique. Mais à moins d'une intervention Divine (comprenez le Commandant de Bord en personne), sa majesté malheureuse aura peu de chance de voir sa requête acceptée, et coincé entre un gros qui pète et une hystérique qui hurle à chaque vibration de l'avion, il vous fera payer chèrement votre refus.

C'est très difficile de se faire surclasser en classe affaire et quasi impossible en première classe, à moins de fricoter avec le divin, d'être pote avec le dirlo ou d'être une méga star hyper talentueuse, connue, friquée (et radine car en général, les méga star hyper talentueuses, connues et friquées payent leurs billets première classe). Les compagnies sont très chatouilleuses sur leur image de marque et estiment (à tort ou à raison, je ne ne suis pas juge) que trop de surclassements nuisent à cette image.

C'est surtout parce que certains payants, comme nous appelons entre nous ceux qui se sont acquittés du billet classe affaire, s'offusquent et se plaignent en haut lieu d'avoir à respirer le même air qu'un sans-le-sou venu des profondeurs abyssales de la classe économique.

D'autres ne veulent simplement pas être dérangés par un quelconque remue ménage (en même temps, la promo de cette classe est faite sur le repos absolu).

Il faut reconnaître que parfois les surclassés ont des personnalités qui peuvent aller de docteur Jekyll à M.Hyde.

Certains surclassés se font tout petits. Ils sont agréables, reconnaissants (on aime bien ça nous).

D'autres ne savent même pas que le mot discrétion fait partie de la langue française. Alors leur demander d'en faire preuve équivaut à affronter les dix plaies d'Égypte.

Parfois des passagers ont été surclassés à cause d'un surbook et nous le savons grâce à la PIL, la passengers information list, notre bible. Mais les Ténardier agissent comme si ils avaient été anoblis. Ils voyagent en classe affaire et se sentent obligés de mépriser le petit personnel. Ils se comportent comme des princes gâtés et exigeants, réclament tout, disent à peine merci. Alors que la cabine est déjà dans l'obscurité, 1 heure après la fin du service repas, ils dînent encore soucieux de goûter à toutes les prestations qu'offrent cette classe. Comble de l'horreur, ils ont découvert l'existence du bouton d'appel hôtesse et persuadés qu'il s'agit d'un privilège réservé aux seuls nantis de la classe affaire, ne se gênent pas pour user et en abuser. Bref les ploucs au pays des merveilles.

Ceux là, pas la peine de vous mettre la rate en court bouillon, vous ne pouvez rien contre eux, ils ont été surclassés par le personnel sol, ils ont payé leurs billets, même si c'est en classe économique et ils n'ont pas demandé à être là. Ils ont le droit de tout réclamer et de ne pas être aimables. Ils sont seulement responsables de leur connerie. Et puis de toute façon si vous dites quoique ce soit, ils le prendront très mal. Quand à les renvoyer en classe économique, non seulement cela ne fait pas partie de vos attributions mais si vous essayez ils tenteront sûrement de vous arracher le coeur à main nue. Alors quand pour la 4ème fois l'appel hôtesse retentit car madame va finalement prendre une part de ce gâteau au chocolat qui avait l'air si bon, restez cool et ne lui demandez pas si elle est sûre que cela va faire du bien à son gros derrière flasque et répandu.

Ceux qui ont été surclassés parce qu'ils ont une vague connaissance qui travaille dans la compagnie ou par un piston quelconque et qui malgré tout ont un comportement limite sont faciles à recadrer. D'ailleurs nous prenons souvent un pied monstrueux, du haut de notre souci de veiller à la tranquillité des autres pax, à leur expliquer que toutes les compagnies dans le monde répondent au mêmes règles de sécurité, de sûreté, mais aussi de bienséance, le non respect de ces règles pouvant entraîner le bannissement à bord. 

Ceci dit en France, avant qu'on ne bannisse un passager payant d'un avion, il faut vraiment qu'il ait fait beaucoup. Et si c'est un passager première ou même affaire, payant plein pot (sans aucune réduction) alors là il faut qu'il viole en milieu de cabine, le steward, l'hôtesse, la CC, la CCP et le CDB (sans le CDB, c'est juste un avertissement).

Ici c'est pas l'Amérique!




Publié dans SURCLASSEMENT

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L
<br /> ça c'est la spécialité des gens connus<br /> <br /> <br />
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S
<br /> lol, à savoir, déjà entre enregistrement et embarquement, on se passe le mot "attention, tel enregistré va vous redemander un surclassement etc", et si on voit à l'embarquement que ça insiste<br /> lourdemet, on va en informer l'équipage...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Le pire c'est que certain nous font encore le coup de "le sol m'a dit de vous demander. Ce à quoi on leur dit maintenant "oh quel dommage, parce que c'est non"<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Etant hôtesse au sol, j'adore venir lire ce blog, ça me permet de savoir comment ça se passe une fois que la porte de l'avion est fermée ;) donc super pour ce blog!<br /> Concernant les surclassements, ils se font de plus en plus difficiles en effet, et il y a tellement de règles à suivre désormais (suite à trop d'abus et de copinage) que ça devient même une denrée<br /> rare, sauf cas extrême comme la survente!<br /> En général, on n'aime pas lorsqu'un pax nous demande un surclassement gratuit, surtout un passager fidélisé mais qui n'a pas le tarif qui lui permettrait d'être surclassé, malgré le nombre<br /> exorbitants de miles accumulés sur sa carte de fidélité, car mis à part lui dire d'acheter son surclassement, ben on a de moins en moins de solutions. Le petit message laissé aux collègues de<br /> l'embarquement ne fonctionne plus du tout, vu que la gestion des vols se fait en "back office" et que cet agent caché en back office respecte la procédure à la lettre, vu qu'il travaille dans le<br /> même bureau (open-space) que le pôle décisionnel du hub (à CDG)... Bref, vous l'aurez compris : tout un méandre de procédures vous empêchera d'accéder aisément à ce surclassement tant convoité.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Excellent<br /> Et tellement vrai !<br /> <br /> <br />
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