Quand la star devient ingérable
On pourrait organiser un concours avec remise d'une écharpe et couronne de poireaux sur la tête afin d'élire le passager le plus difficile à gérer.
Sur la première marche du podium, celui qui aura su séduire tous le jury.
Celui là est un bon. Il agresse physiquement. Il peut mordre, gifler, bousculer et se retrouve souvent saucissonné et menotté si il pousse le bouchon trop loin et devient dangereux. Bien sur à l'arrivée, il a toujours droit à une haie d'honneur faite d'hommes en uniformes.
Même si ce n'est pas l'apanage des gens célèbres, il faut reconnaître que certains bad boys connus ont tendance à être plus soupe au lait quand on les contrarie, mais cela peut arriver aussi à des célébrités très sages en apparence (you see what I mean).
Heureusement aujourd'hui les PNC et la compagnie portent plainte systématiquement mais ce fut au prix de nombreuses baffes pour les hôtesses, car aller savoir pourquoi, Les hôtesses ont plus un physique de punching ball que les stewards et, malheureusement les hommes ont la main plus légère que les femmes.
Il faut bien sur un nombre élevé d'agressions physiques avant que les compagnies ne se privent de la présence d'un client connu en le black-listant.
La deuxième marche du podium irait aux gueulards. Ceux qui ont l'insulte facile dès qu'on les contrarie, qui agressent verbalement, crient au scandale ou nous menacent de renvoi dès l'atterrissage parce que par exemple, nous avons osé leur interdire à eux, grands de ce monde devant l'éternel, l'accès aux toilettes au moment de l'atterrissage. Ceux là ne sont pas méchants, ils sont seulement cons et en général, se calment d'eux même quand vous les menacez de représailles à l'arrivée.
La troisième marche et donc la médaille de bronze, serait remise à ceux que l'on pourrait appeler les agités du bocal. Ceux qui ne tiennent pas en place. Ils sont hyperactifs, ils sont toujours sur votre minuscule territoire avec leur bande de pote et se croient chez eux dans l'avion. Ils sont un peu trop cool, rechignent à accepter de respecter les consignes, essaient souvent de vous prendre par les sentiments et vous font souvent perdre temps et énergie. Ils se sentent au dessus de tout et leurs voisins de cabine enchantés au départ de côtoyer une star, déchante rapidement devant le manque d'éducation du personnage.
Un chef de cabine m'a raconté comment la conversation d'un ministre en exercice avec un passager avait dégénéré en meeting dans le galley avec une demi douzaine de personnes. Steward à l'époque, et ne voulant pas froisser le ministre, il avait laissé faire, puis s'était bien vu au moment de la préparation du petit déjeuner, obligé de mettre fin à la conférence au sommet en virant tout ce petit monde du galley. Le ministre n'avait rien dit et était reparti à son siège vexé.
Ce chef de cabine n'était pas un de mes amis. C'était simplement un collègue de travail. J'avais fait l'aller et le retour de ce vol avec lui et il m'avait semblé être quelqu'un de bien, et aussi le genre de personne qui y met les formes pour vous demander les choses. J'étais sûre qu'il avait employé le langage de la compagnie et pris tous les chemins alambiqués de la diplomatie en employant des mots qui sonnaient harmonieusement, pour lui dire que son temps de parole était écoulé. Mais le ministre avait quand même été chiffonné et le stew s'était senti obligé de lui renouveler ses excuses à l'arrivée pour l'avoir obligé à arrêter son meeting.
Monsieur le ministre, au lieu de se fendre à son tour d'excuses pour l'avoir dérangé sur son lieu de travail se contenta de lui sortir un bref et coincé
- vous faites votre travail.
La fonction ne fait pas toujours l'éducation.
Aujourd'hui les nouvelles rock stars sont les animateurs Télé.
Certains peuvent se comporter comme de véritables divas, et d'autres ne tiennent pas en place.
Nous avons eu à étudier un de ces cas sur un vol pour Cayenne
Il voyageait avec une femme, certainement une amie, et n'arrêta pas de gesticuler dans tous les sens pendant le vol. Il passa même un peu de temps assis à coté d'une autre passagère de la zone, qui ne manqua pas de venir nous informer que l'animateur l'avait draguée. Pour finir, il s'installa tranquillement dans les toilettes et fuma un joint. Ce furent le temps qu'il y passa et l'odeur quand il en sortit qui nous firent découvrir le pot aux roses. Il avait réussi à fumer sans déclencher les détecteurs.
Quand il quitta enfin l'appareil, il y avait au pied de son siège suffisamment de miettes pour nourrir la moitié des pigeons de Paris. Des morceaux de foie gras écrasé et de salade gisaient par terre et il avait renversé je ne sais quel liquide sur son siège. Nous nous empressâmes de le dénoncer a l'équipe chargée de l'entretien.
Dorénavant ils savaient tous qu'un cochon mangeait plus proprement que cet homme pilier du petit écran.