"LA COMMANDANTE"(Vous connaissez mon mari?)
L'une des passagères, figurant parmi les plus importantes que nous transportons dans nos avions est..... la femme du commandant de bord.
Les femmes de commandant de bord accompagnent parfois leurs maris lors des rotations (le vol aller, l'escale, le vol retour) et sont en majorité des femmes discrètes souvent chouchoutées par des équipages qui sont presque toujours informés à l'avance de leur présence à bord. Parfois elles font même partie de ces équipages et peuvent être un formidable relais entre le poste de pilotage et la cabine.
Et pourtant, au milieu de toutes ces femmes charmantes, nous sommes tous tombés au moins une fois sur le spécimen.
"LA femme de commandant."
Celle qui prend à son compte la carrière et les compétences de son mari. Celle dont la mission sur terre est de vous faire comprendre qu'elle est "une femme de" et que vous vous n'êtes rien. Celle que vous enfermeriez bien quelques heures dans une des toilettes arrières d'un 747 revenant bondé de 13 heures de vol, histoire de lui apprendre la vie (celle ou il faudrait presque le masque à gaz et la combi anti nucléaire pour y entrer).
Que le PNC qui ne s'est pas dit une fois dans sa longue carrière "mais quel bêcheuse la femme du captain" me jette la première pierre.
Tous les PNC qui ont usé leurs semelles dans les couloirs des avions ont sûrement croisé au moins une fois celle qui mérite le digne nom de madame........LA COMMANDANTE.
Le mari de la Commandante est toujours en fonction sur le vol. C'est lui le chef suprême à bord le jour ou elle nous fait l'honneur de sa présence, et le cockpit devient le bureau des pleurs de madame. Un simple mot de sa part à son mari suffira à faire l'équipage rentrer dans les rangs (du moins le croit-elle).
Naturellement, la Commandante ne voyage que dans les classes supérieures ou à l'avant de l'appareil si l'avion n'en est pas pourvue. Elle ne voyage en classe économique que contrainte et forcée (si pas de place dans les classes supérieures).
Avec les mesures de sécurité et de sûreté renforcées, les portes des cockpit blindées, la démocratisation du transport aérien et les ravages du démon de midi, l' Aura de la Commandante s'est considérablement amoindri, à même certaines fois disparu. Pour elle, il y a eu un avant et un après septembre 2001. Avant l'introduction des portes blindées et des accès réglementés au poste de pilotage, quand l'espace aérien était encore un havre de paix sans méchants terroristes inventant toutes sortes de combines tordus pour nous faire la peau, la Commandante confondait souvent l'avion avec son 6 pièces à Chantilly. J'ai vu de mes yeux vu une Commandante passer devant nous sans un regard, sans un mot, et rentrer au poste comme elle rentrerait dans sa cuisine ou dans son bureau, ce qui inutile de le préciser a eu le don de nous énerver et nous a obligé à demander une intervention ferme et rapide du bureau des pleurs.
La Commandante peut être «Commandante, Générale des armés».
Alors qu'elle n'a pris l'avion qu'en tant que passagère, elle n'a pas son pareil pour vous parler pilotage, vents contraires et turbulences. C'est comme si par simple mariage, elle avait acquis tous le savoir de son mari en la matière. Et pour ajouter à cela, elle est incollable sur le service en cabine et vous êtes à deux doigts de lui demander si elle veut prendre votre place. Vous imaginez sans mal les conversations passionnantes les soirs d'hiver. Lui détaillant avec force détails techniques son dernier vol et elle l'écoutant avec admiration.
Elle est l'oeil du commandant en cabine. Autant dire l'oeil de Moscou. Tous vos faits et gestes sont disséqués et rapportés à son mari avec sûrement les commentaires qui vont bien.
A l'hôtel, pendant l'escale, comme elle a passé l'âge d'aller boire des coups et guincher toute la nuit elle sera fraîche et dispo au bord de la piscine à jauger les shorts et les tee-shirt trop courts des hôtesses ou leurs maillots rikiki (il faut bien que jeunesse se passe).
A ce stade, inutile de préciser que pour plaire à la Commandante, il serait préférable d'être en bure de moine au bord de la piscine.
Cette commandante certes envahissante et, n'ayons pas peur des mots, un peu enquiquineuse sur les bords pourrait presque remporter le trophée de la bonne camarade face à la commandante qui a elle décidé de vous snober. Celle dont la fonction principale à bord est de vous regarder du haut de son piédestal. Tout juste polie, pas un sourire, pas une ébauche de conversation. Vous n'êtes pas la collègue de son mari, mais une quelconque employée qui doit la servir. Cerise sur le gâteau, elle est exigeante. Et si malgré son air de Castafiore outragée, vous refusez de déplacer deux passagers afin qu'elle soit mieux installée, ce sera aussitôt répété à son mari qui, aussi discrètement qu'un éléphant au milieu d'un magasin de porcelaines, fera son enquête.
A l'arrivée, il y a 9 chances sur 10 qu'elle soit la première assise dans le bus équipage, au premier rang.
9 chances sur 10 qu'elle vous dise un bonjour constipé quand vous la croisez à l'hôtel le lendemain.
9 chances sur 10 qu'elle fasse la gueule au retour parce qu'il a plu pendant 2 jours ou qu'il a fait une chaleur vraiment insupportable.
Et 9 chances sur 10 que son mari finisse par la quitter pour une hôtesse plus jeune ou tout simplement moins désagréable (ce qui la confortera dans son idée que les hôtesses sont toutes des connes).
Tel était la femme d'un adorable commandant de bord que nous appellerons John.
John était un bon «captain» qui pensait sincèrement au bien être de son équipage. Quand on partait avec lui, on était assuré de passer un vol et une rotation agréable.
Mais john avait un fardeau à porter. Comme beaucoup d'hommes qui ont réussi, John aimait s'entourer des plus belles et la femme de John était sans contexte ce qu'on pouvait appeler une belle plante. Mais «la blonde de John» comme certains l'avaient surnommée était aussi acide que son mari était doux. Exigeante, capricieuse, insupportable, surtout avec lui. C'était ce qu'on appelle une belle emmerdeuse. Rien n'était assez bien pour elle et son passe temps favori était de se plaindre à son mari. Quelques soient les circonstances, pour elle le plus important était....elle même.
C'était une petite compagnie, ou tout était donné au compte-gouttes. Lors des distributions d'étiquettes équipages, la blonde de John s'empressait d'en accrocher une à chacun de ses sacs Vuitton y compris le sac à main. Peu lui importait que le PNC, à qui les tags bagages étaient d'abord destinés, en soit privé. Peu lui importait que tout comme «dans la Constitution Française il n'y a pas de statut pour la femme du président de la république», dans le Manuel Général des Équipages, il n'y a pas de statut pour la femme du commandant de bord. Elle se servait en priorité.
Elle avait constamment l'impression d'être victime d'un énorme manque de bonne volonté de la part de l'équipage et son mari qui connaissait le phénomène passait son temps à essayer de ménager la chèvre et le chou. Ne pas froisser le PNC et se le mettre à dos, et surtout ne pas froisser sa femme (sinon ceinture peut être).
Mais aussi charmant que puisse être son mari, il failli bien être changé en statue de sel sous les regards courroucés d'un équipage fatigué après un vol, patientant depuis plus d'une 1/2 heure en plein soleil. Il fallait attendre madame qui faisait une crise parce qu'elle n'avait pas sa valise (les choses de ce genre arrivent toujours aux mêmes personnes). Malgré un savoir faire sans égal pour gérer une emmerdeuse et beaucoup d'air déplacé pour localiser un bagage perdu dans les affres de l'aéroport d'Orly à près de 8000 km de là, John n'arrivait pas à la convaincre qu'il n'était pas utile de rester plus longtemps à l'aéroport, que le prochain avion était celui qui devait les ramener à Paris, que ce n'était pas la fin du monde, que sa valise n'était pas perdue. Mais rien à faire. La blonde de John refusait de passer plusieurs jours sans SA valise. Elle faisait un caprice et rien ni personne ne l'empêcherait d'aller au bout de celui ci.
Des rumeurs ont couru sur le compte en banque de John qui aurait subi de graves avaries pendant cette rotation. Avaries résultant de la perte d'une valise et du passage d'une carte magnétique dans un boîtier électronique. Suivant l'usage ordinaire, carte et boîtier sont respectivement appelés carte bleue et machine à carte bleue.