LES AILES DU DESIR CHARNEL
Je devine que vous vous posez tous la même question:
A320, 747, A340, 777, ou même A380 lequel a leur faveur pour un quickie en plein ciel.
Nos libertins, eux ne se posent pas ce genre de questions. Qu'ils soient dans la dernière génération d'avions ou dans le vieux DC8-53 d'une compagnie charter, c'est l'occasion qui fait le larron. Un aménagement de la cabine qui s'y prête, un vol de nuit à moitié plein et un avion bruyant suffisent pour que certains se sentent pousser les ailes du désir charnel et se laisse aller à la volupté.
Vous avez certainement deviné que la première des anecdotes culstillantes s'est déroulée dans un DC8, avion certe moderne en son temps, mais dont la construction s'est quand même arrêtée en 1972.
Elle est arrivée à un de mes amis les plus chers et je crois à hundredpourcent à son authenticité.
Pour bien comprendre la scène, il vous faut imaginer l'intérieur de l'avion.
Alors, fermez les yeux et essayer de visualiser l'endroit.
Vous rentrez dans le DC8-53 par la première porte avant, la porte normalement utilisée pour les embarquements.
Vous faites face à la cabine passagers. Derrière vous, le poste de pilotage. Ne bougez pas.
C'est un avion avec une seule allée (comme les airbus A320).
Commencez à avancer dans la cabine.
Sur votre droite, les premiers sièges passagers, les rangs ABC.
Sur votre gauche, un bloc toilette.
Continuez à avancer.
Encore des rangs ABC sur à droite et sur votre gauche, collé au bloc toilette, un "meeeeerveilleux" petit galley aménagé autour de la première porte gauche (utilisée pour le catering essentiellement).
L'ouverture du galley fait face aux rangs ABC de l'autre côté de l'allée. Et Mc Donnell Douglas, le très cher concepteur du bolide a fait les choses dans la plus pure des traditions. Sur une moitié, un petit comptoir /bar agencé dans le style cuisine américaine, qui permet aux PNC de prendre leur repas ailleurs que sur leurs genoux. Sur l'autre moitié, l'entrée de l'office. Deux grands rideaux épais, viennent compléter le tableau, l'un fermant l'accès à l'office et l'autre, l'ouverture du bar américain.
En continuant à avancer, on trouve encore des sièges ABC sur la droite et derrière le galley, sur la gauche les premières rangées de sièges numérotées DEF.
Ainsi jusqu'au fond de l'avion.
Autre particularité non négligeable de ces avions, ils sont, comment dire sans être trop dure......antiques donc assez bruyants.
Notre DC8-53, après un départ en début de soirée, s'apprête à effectuer un vol des Antilles vers Paris, avec une escale technique prévue aux Açores.
Cela fait un moment maintenant que l'avion a décollé. C'est la première partie du voyage, la plus longue. Le service est terminé. Cinq PNC officient sur ce vol. Deux à l'avant, trois à l'arrière.
Les passagers se sont installés pour la nuit. Point d'écrans individuels et de distractions, alors ayant la chance d'être dans un avion à moitié vide, ils se sont dépêchés de coloniser les sièges libres afin de trouver une position confortable pour dormir (confortable étant un vain mot dans un DC8-53).
Annick Mary, chef de cabine et Claudio, jeune steward finissent de dîner tout en discutant dans le galley. Enfermés dans l'office avant, ils n'ont aucune visibilité directe sur les passagers. C'est le moment du vol ou tout en effectuant des gardes et en ayant un oeil sur la cabine, les PNC s'isolent un peu pour manger et décompresser des nombreuses sollicitations du service.
Mais alors qu'ils sont en train de disserter gaiement, quelque chose les fige brusquement en pleine conversation les réduisant net au silence.
Une main manucurée aux ongles longs vient de surgir de sous le rideau pour se poser brutalement sur le comptoir.
Médusés, Annick Mary et Claudio regardent la main quelques secondes sans bouger.
L'image est surréaliste.
La main manucurée aux ongles longs semble vouloir s'agripper au comptoir alors qu'une force invisible la fait se mouvoir en petits mouvements saccadés de l'arrière vers l'avant.
Annick Mary se précipite sur le rideau du comptoir et l'ouvre dans un grand mouvement alors que Claudio ouvre le rideau de l'entrée.
Mais jaillissant de la lumière, ce que voient les PNC continue de les clouer sur place. Face à l'obscurité de la cabine, ils se retrouvent devant une forme qui en bougeant dans le noir fait penser au dragon du nouvel an chinois. Très vite ils réalisent que la forme est en fait un fatras de couvertures qui dissimule un couple qui, emporté par la passion et l'altitude, vient de transformer une étreinte furtive en "levrette première classe", exactement sur l'un des rangs ABC situés face au galley.
Dans le feu de l'action, la main manucurée aux ongles longs de la gourgandine a légèrement ripé et est venue atterrir sur le comptoir du galley.
Devant la scène Annick Mary, en perd son chignon. Elle n'est pas coincée pour un sous, mais on sent bien que son éducation lui a appris à tenir son rang.
- Mais qu'est ce qui se passe ici, vous vous croyez où?
La forme s'arrête net de bouger et commence à effectuer un retrait stratégique vers le fond de la rangée. La main sans visage est allée rejoindre le reste des corps sous les couvertures et on devine que l'activité engendrée par la mission de repli y est à son maximum.
Mais Annick Mary ne les lâche pas. Elle exhorte le couple à sortir de sa grossière cachette et à avoir une tenue correcte.
Les deux amants commencent à se découvrir lentement sous les regards inquisiteurs de Annick Mary et Claudio qui n'attendent que le moment ou la main manucurée aux ongles longs va avoir un visage.
Les passagers les plus proches sont maintenant réveillés et surveillent amusés le couple qui s'extirpe de sous les couvertures.
Un couple tout ce qu'il y a de plus normal (en apparence tout au moins).
Claudio se précipite à l'arrière. La communication étant un des points importants de notre métier, il faut relayer l'information.
Naturellement, pendant le reste du vol, chaque PNC de l'arrière y va de son tour en cabine et de sa visite au galley avant pour analyse personnelle de la situation.
La main manucurée aux ongles longs, élément essentiel de cette affaire, reste au coeur des débats.
Une main qui aurait certainement fait dire à Christina, la célèbre relookeuse brésilienne d'M6
"Chériiiiiie, les ongles longs c'est voulgaire"
Comme dans beaucoup de cas, leur forfait accompli et découvert les amants terribles plongèrent dans un sommeil que rien ne vint perturber.
Est ce le sommeil lourd de la honte ou plutôt le sommeil extatique de ceux qui viennent de vivre une aventure extrêmement excitante?
Eux seuls le savent.