RIFIFI DANS LE PACIFIQUE

Publié le par l'hôtesse de l'air

Dans les avions, surtout dans les classes dites économiques que les compagnies désignent de noms évocateurs censés faire rêver (soleil, azur, turquoise, tempo, voyage), il y a souvent des petits différends entre les passagers. Un siège abaissé qui gêne la personne assise derrière, un passager qui ne peut s'empêcher de prendre appuie sur le siège de devant pour se lever, l'adorable petit ange assis juste derrière vous, mignon comme tout, souriant, charmant, mais qui en dépit des remontrances molles de sa mère, n'arrête pas de vous larder le dos de coups de pieds, devenant ainsi votre principal ennemi dans l'avion.
Bref, rien de plus normal dans un endroit ou les gens sont confinés.
Nous les membres d'équipage sommes là pour arrondir les angles.....mais parfois, avant que nous n'ayons le temps d'intervenir, les choses dégénèrent et le pire peut arriver.
VOL DE NUIT PAPEETTE-NOUMEA.
L'avion est quasi vide et ces 5 heures de vol devraient passer comme une lettre à la poste.
Parmi les passagers, au 24G, une polynésienne d'une trentaine d'années bien portante, robe purotu à motifs rouges, couronnes de feuilles tressés sur la tête
Au 25G, juste derrière donc, une jeune polynésienne d'environ 16-17 ans, visage à la Gauguin, tresses noires et épaisses.
Elles ont toutes deux étalés leurs effets personnels sur les sièges à côté, colliers de fleurs, paniers en osiers, fruits et légumes, artisanat ( je vous rapelle que l'avion est presque vide).
La cabine est calme.
Le film sur l'écran central est terminé depuis un moment et les écrans individuels n'existant pas sur nos DC10, les pax sont endormis pour la plupart.
Deux heures avant l'arrivée, le jour commence à se lever, la lumière du soleil inonde par endroit la cabine.
Sortant de l'office arrière du DC10 et remontant l'allée, le steward arrive à leur niveau juste au moment ou miss Gauguin debout, brandit d'un geste rageur un plateau en bois au dessus du crâne de sa voisine.
Il ne s'agit pas du plateau dans lequel votre conjoint vous amène le petit déjeuner au lit, mais d'un engin aussi épais qu'une porte( 6 à 7 cm de bois massif finement sculpté)
Le steward se précipite mais..... poc ( bruit du bois sculpté sur le crâne d'une femme forte)
Le mal est fait. la passagère du 25G vient de frapper celle du 24G.
La pauvre dame pisse le sang. Il se mélange à sa magnifique chevelure noir de jais.
Naturellement les autres passagers attirés par l'odeur du sang se pressent sur la scène du crime. Il se passe enfin quelque chose depuis la fin du film.
Une fois les curieux éloignés et la blessure soignée (blessure on ne sait par quel miracle plus impressionnante que grave), l'explication des hostilités se résuma en une phrase:
          - Elle n'a pas voulu redresser son siège
Quand il s'agit de défendre son territoire, nous sommes plus proches des animaux qu'il n'y paraît.
Les choses ont dégénéré à cause d' une ridicule histoire de dossier de siège.
Le plus surprenant est que cette histoire s'est déroulée dans une cabine pratiquement vide permettant à chacune de se déplacer à sa guise.
Dans une telle situation, il est souvent inutile de chercher à expliquer. Les seules choses à faire sont soigner, éloigner les vautours, prévenir le commandant de bord......
.........et surtout remercier le ciel que ça ne soit pas plus grave.


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